J'ai d'abord réalisé des collages composés de graffiti, de photographies, de dessins et de textes, tous issus de « mes passés », préalablement ramenés à une facture homogène par la photocopie. Je suis ensuite intervenue sur ces collages avec la peinture. Puis, j'ai recouvert de gesso certains de ces tableaux, puis de champs colorés enjambant tout l'espace pictural. J'ai ainsi construit des fonds denses, portant des contenus narratifs de diverses natures, prêts à recevoir des éléments picturaux indépendants, libérés de ces contenus, les confrontant parfois et provoquant souvent du contraste de sens amenant du contraste formel.
Ces fonds et ces jeux picturaux se sont approfondis. Ils ont rejoint un magma collectif, des fonds ancestraux d'où ont émergé des formes primitives, ludiques, graves, simples, totémiques, importantes et, évidemment, souvent contradictoires.
Avec le temps, la construction de fonds est devenue optionnelle. Les contenus narratifs ont migré dans la matière. Mais l'empilement de réalités contradictoires, contrastées et autonomes, et le lien formel avec une culture ancestrale, profonde, souterraine sont demeurés.
Depuis quelque temps, des éléments figuratifs reviennent siéger sur ma toile; ils insistent. Je revisite le collage, je laisse entrer des têtes, des formes identifiables. Cela m'invite à supposer que mon chemin d'expression soit spiralique.
LA FORME
J'ai défait mon sac et j'ai mis les choses sur le lit.
Elles sont tombées dans cet ordre.
C'était ma réalité cette journée-là.
Puis je suis sortie.
Plus tard, je les ai tassées pour me coucher en mettant la laine sur le nylon, le cuir sous la soie et le velours côtelé sur le coton.
J'en ai jeté, j'en ai donné.
LE CONTENU
J'ai laissé place à des souvenirs et à des projets de souvenirs, à des percées sur des après-midi d'été et d'hiver, des vagues de fond de souvenirs colorés et venteux…
Que l'on cherche à baliser et qui nous échappent.
Question de chance.
Hiver 2009